Les vaccins, notre dossier complet
- Historique d'une révolution
- Une méfiance croissante
- Une idée contre-intuitive
- Le manque d'information et de compréhension
- Des erreurs de communication & des scandales
- Comment ça marche ?
- Quelques rappels
- L'avenir
Presque un français sur deux s'en méfie. C'est un véritable désamour que vivent les français pour les vaccins. Manque d'information, de compréhension, peur de leurs compositions ou des effets indésirables supposés, il y a plus d'une cause à ce divorce
A l'heure où le gouvernement a décidé de rendre obligatoire huit vaccins supplémentaires, mieux comprendre leur histoire et leur mode d'action semble primordial. Focus sur deux cents ans de découverte, de révolution et de méfiance.
Historique d'une révolution
Depuis l'antiquité, les médecins ont remarqué, sans vraiment en comprendre la raison, que les personnes touchées par certaines maladies ne l’étaient pas une seconde fois.
- 1796 : Vaccin contre la variole
En pleine épidémie de variole, c'est après de nombreuses tentatives pour parvenir à endiguer la maladie que le médecin anglais Edward Jenner parvient à immuniser ses patients. Il guérit notamment un enfant du nom de James Phipps, en lui inoculant par scarification des virus de la variole bovine. La vaccination est née.
La vaccination de la variole est une révolution médicale au vu des multiples hécatombes provoquées par ce virus. 30 millions de morts lors de la "peste" antonine qui frappa l'empire romain entre 165 à 180. Plus récent, la variole emporta près de 18 millions de mexicains entre 1545 à 1576, soit environ 80% de la population. La victoire est totale contre la variole en 1980: l'organisation mondiale de la santé (OMS) déclare son éradication mondiale.
- 1885 : Vaccin contre la rage
Louis Pasteur réussi à sauver le petit Joseph Meister, mordu par un chien enragé. Des candidats à la vaccination affluent du monde entier pour se faire vacciner contre la rage. Il énonce également le grand principe de la vaccination : "des virus affaiblis ayant le caractère de ne jamais tuer, de donner une maladie bénigne et qui préserve de la maladie mortelle".
En 1921, le vaccin BCG (vaccin bilié de Calmette et Guérin) contre la tuberculose est développé.
En 1923, au cours de la même année, mise au point du vaccin contre la coqueluche et la diphtérie.
En 1927, c'est le vaccin contre le tétanos qui est développé.
Dix ans plus tard, en 1937, le vaccin contre la grippe.
Entre 1954 et 1970, les chercheurs développent le vaccin contre la poliomyélite, la rougeole, les oreillons, la rubéole et l'hépatite B.
En 2006, le vaccin contre le papillomavirus humain est mis sur le marché. Ce virus est notamment responsable du développement du cancer du col de l'utérus.
Une méfiance croissante
Malgré leurs multiples succès, les vaccins n'ont définitivement plus la côte aux yeux des français ! En 2010, les enquêtes menées par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, montrent que seulement 61% des français en ont une opinion favorable. Alors qu'en 2005, 90% en étant favorable.
D'où provient cette défiance ? Plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Tout d'abord, c'est une critique envers leur efficacité, les risques qu'ils engendrent mais surtout le manque d'information et les erreurs de communication des autorités.
Une idée contre-intuitive
Un point important à soulever pour mieux comprendre ce désamour est dans l'acte même de la vaccination. L'idée d'introduire des virus volontairement, même inactivés, est contre-intuitif. De plus se soigner et risquer des effets indésirables, alors que l'on n'est pas malade, peut, à première vue, ne pas paraître logique.
Le manque d'information et de compréhension
40% de la population en 2004 ne savaient pas comment fonctionnait un vaccin. Or on se méfie toujours de ce que l'on ne connait pas. De plus certains vaccins immunisent contre des pathologies qui ont quasiment disparues, grâce aux vaccins. La population ne connait donc plu les ravages que certaines d'entre-elles peuvent provoquer. On voit donc moins l'intérêt de se vacciner pour un danger que l'on ne connait pas.
Des erreurs de communication & des scandales
- L'aluminium
Utilisé depuis 1926 comme adjuvants, l'aluminium est présent dans de nombreux vaccins. Indispensable faute de mieux, il permet d'améliorer la réponse immunitaire de certains vaccins, notamment celui contre l'hépatite A et B, le tétanos, la diphtérie et la coqueluche.
Alors pourquoi une telle défiance ?
Romain Gherardi, médecin à l'INSERM, mène avec son équipe une étude clinique visant à démontrer l'impact de l’aluminium chez la souris et l'homme. Il cherche notamment à montrer la relation entre l'aluminium et l’apparition de myofasciite à macrophage. Il s'agit d'une maladie neurologique entraînant, entre autres, une fatigue chronique, des douleurs musculaires ou encore des difficultés cognitives. Les résultats de l'enquête ne sont pas encore parus.
En attendant on pourra retenir deux points importants.
- Le premier étant que l'aluminium est utilisé depuis presque cent ans avec plusieurs milliards de vaccins injectés et seulement une centaine de cas de myofasciite à macrophage en France ! Avec autant de vaccin à base d'aluminium délivré, il devrait avoir des dizaines de milliers de cas, et pas seulement en France mais dans le monde entier, ce qui n'est pas le cas. Les faits parlent d'eux-même.
- Deuxième point, les chercheurs continuent de rechercher une alternative à l'utilisation d'aluminium, notamment les sels de calcium, cependant actuellement c'est l'adjuvant le plus sûr et le efficace trouvé. On parle toujours en pharmacologie de rapport bénéfice, risque. Il n'existe aucun médicament sans effets indésirables. Mais rappelons que les vaccins sauvent des millions de vies chaque année. Leur ratio bénéfice, risque penche donc très largement pour les bénéfices.
- Vaccination et sclérose en plaque
En 1993, des patients atteints de sclérose en plaque accusent le vaccin de l'hépatite B d'avoir provoqué cette pathologie. Les autorités décident de lancer une enquête de pharmacovigilance afin de déterminer un éventuel lien causal entre la vaccination contre l'hépatite B et la survenu de sclérose en plaque. Aucun lien n'est établi, malgré les nombreuses études épidémiologiques menées depuis lors.
En 1998, le ministre Bernard Kouchner, stoppe, contre l'avis des experts, la campagne de vaccination contre l'hépatite B des enfants, tout en continuant à vacciner les nourrissons. Grave erreur de communication. Le mal est fait, la méfiance provoque un effondrement de la vaccination en France.
Un autre scandale a éclaboussé plus récemment le vaccin contre le papillomavirus. Des signalements concernant des personnes atteintes de sclérose en plaque mettent en cause le vaccin. Par la suite une étude a montrée qu'il n'y avait, encore une fois, pas de lien entre la vaccination et la pathologie.
- Vaccin A/H1N1 et narcolepsie
En 2010, c'est le vaccin contre la grippe H1N1 qui fait parler de lui. Plusieurs cas de narcolepsie ont été signalés. La narcolepsie est un trouble du sommeil entraînant des accès de sommeil involontaires et brutaux, avec une perte de tonus musculaire (cataplexie). La vaccination augmenterait le risque de survenu de cette pathologie. 60 cas sur 6 millions de personnes vaccinés ont été recensé, soit un risque de 0,0001%. Le risque est donc relativement faible.
Indépendamment du risque, il s'agit surtout de la communication du gouvernement qui fut la cause de cette confusion. L'achat important de vaccin ayant fait planer des soupçons de conflit d'intérêt entre le gouvernement de l'époque et les firmes pharmaceutiques.
Comment ça marche ?
Lorsqu'un microbe nous contamine et nous rend malade, le système immunitaire va s'activer afin de défendre notre organisme. Il produit notamment des anticorps en nombre pour éradiquer l'intrus (immunité innée).
Une fois la maladie éliminée, certains anticorps vont acquérir une mémoire pour ce microbe (immunité acquise). Ainsi la prochaine fois qu'un même virus va essayer de contaminer l'organisme, les anticorps sauront comment s'en débarrasser rapidement.
La vaccination utilise ce système de mémoire des maladies pour prévenir leur contamination. On injecte des microbes inactivés dans le corps. Celui-ci ne donne pas la maladie mais est détecté et éliminé par l'organisme par le même procédé décrit au dessus. Il acquière de ce fait une mémoire de ce virus.
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Quelques rappels
Grâce à la vaccination de nombreuses pathologies graves ont été totalement ou partiellement endiguées. Éradication de la variole. Le nombre de cas de diphtérie, tétanos, poliomyélite a chuté drastiquement, de l'ordre de 90 à 95%. De même pour la coqueluche, les oreillons ou encore la rougeole. L'OMS estime que les vaccins sauvent chaque année entre 2 à 3 millions de vie.
L'avenir
8 nouveaux vaccins obligatoires pour 2018
Prévenir des nouvelles maladies
Pharmacien passionné par la e-santé. Je suis convaincu que la santé doit désormais compter sur internet pour mieux servir les patients