Médicaments à base d'iode et risques nucléaires
- Qu’est-ce que l’iode ?
- A quoi servent les médicaments à base d’iode ?
- Qui distribuent les médicaments à base d’iode ?
- Comment prendre les médicaments à base d’iode ?
- Faut-il prendre des comprimés d’iode en prévention ?
- Quand faut-il prendre des comprimés d’iode ?
- Quels sont les risques face à l’ingestion de comprimés d’iode ?
- Y-a-t-il des contre-indications à la prise de médicaments à base d’iode ?
- Et pour les femmes enceintes ou allaitantes ?
- Quels sont les réflexes à avoir face à une alerte nucléaire ?
En cas d’accident nucléaire, la prise d’iode stable permet de contrer l’effet de l’iode radioactif.
Mais à quoi sert l’iode ? Où peut-on en trouver ? Doit-on en prendre au quotidien ? Quand doit-on prendre les comprimés d’iode stables, et quels sont les effets secondaires de ce traitement ?
Notre pharmacienne répond à toutes vos questions !
Qu’est-ce que l’iode ?
L’iode est un oligo-élément naturel qui est essentiel au fonctionnement correct de notre organisme. L’iode est utilisé par la glande thyroïde, une petite glande en forme de papillon située à l’avant du cou, qui permet la production des hormones thyroïdiennes. Ces hormones ont de nombreux rôles dans le corps humain, comme la régulation de la température, la métabolisation des nutriments, le fonctionnement normal du système cardiovasculaire et nerveux, etc. On trouve de l’iode dans l’eau et les aliments que nous consommons, notamment dans le poisson, la viande, les fruits ou le lait.
A quoi servent les médicaments à base d’iode ?
Un comprimé d’iode est un médicament dont l’administration protège notre glande thyroïde, en cas de rejet d’iode radioactif dans l’environnement. Ces comprimés d’iode sont fabriqués avec un iode équivalent à celui se trouvant naturellement dans notre environnement et dans l’alimentation : il s’agit d’iode stable.
En effet, en cas d’accident nucléaire, de l’iode radioactif peut être respiré, inhalé ou ingéré par la consommation de fruits ou de légumes par exemple. Cet iode radioactif va alors se fixer à la thyroïde, augmentant ainsi le risque de cancer de la thyroïde.
La prise d’iode stable, quand il est pris au bon moment (dans les 8 heures qui suivent la présence d’iode radioactif dans l’air), va permettre la saturation en iode de la glande thyroïde, afin de bloquer la fixation d’iode radioactif. Ainsi, la thyroïde est protégée, et l’iode radioactif est éliminé par les urines. Le but est de saturer la thyroïde en iode stable pour que l’iode radioactif ne puisse pas se fixer (comme une éponge gorgée d’eau qui ne pourrait en contenir davantage).
En revanche, la prise de comprimés d’iode stable ne protège pas contre les autres produits radioactifs qui peuvent être rejetés.
Qui distribuent les médicaments à base d’iode ?
Seules certaines pharmacies localisées à proximité de zones à risques sont habituellement amenées à distribuer de l’iode stable : cela concerne les pharmacies situées à proximité des 19 sites de production d’électricité du territoire français. Ces pharmacies et la population alentour sont sensibilisées aux campagnes de distribution de comprimés d’iode, avec une distribution au fil de l’eau pour les habitants vivants jusqu’à 20 kilomètres d’une centrale nucléaire. Au-delà de cette zone, la délivrance de comprimés d’iode sans ordonnance de la part du médecin traitant est possible en les payant.
Comment prendre les médicaments à base d’iode ?
L’iode stable est délivré par le pharmacien, sous forme de comprimés d’iodure de potassium à 65 mg par comprimé.
Quelle est la posologie conseillée ?
Il s’agit d’une prise unique, soit 2 comprimés d’iode stable pour l’adulte et l’enfant de plus de 12 ans, 1 comprimé d’iode pour l’enfant de 3 à 12 ans. En dessous de 3 ans, on passe à 1/2 comprimé pour les bébés de 1 mois à 3 ans, et 1 quart de comprimé pour les nouveau-nés.
Comment prendre les comprimés d’iode ?
Ceux-ci doivent être dissous dans un verre de lait ou de jus de fruit si possible, afin de cacher le goût métallique des comprimés. La solution diluée doit être prise immédiatement.
Faut-il prendre des comprimés d’iode en prévention ?
Des comprimés d’iode pris trop tôt ne seront que peu ou pas efficace. En effet, l’iode stable doit être pris maximum 1 heure avant une exposition radioactive, ou dans les 6 à 12 heures suivant cette exposition.
La prise de comprimés d’iode en prévention, hors exposition, est donc inutile, car l’iode stable administré sera inefficace. Au contraire, si les comprimés d’iode sont pris 24 heures ou plus après l’exposition, les effets indésirables du médicament peuvent être plus graves que les bénéfices espérés.
Les comprimés d’iode stable se conservent dans un endroit frais et au sec, mais ne les rangez pas au réfrigérateur ! Evitez les pièces humides comme la salle de bain ou la cuisine. Si les comprimés d’iode sont périmés, je vous invite à les retourner à votre pharmacie.
Quand faut-il prendre des comprimés d’iode ?
Attention ! L’iode stable n’est à prendre qu’en situation exceptionnelle. C’est au préfet d’ordonner la prise des comprimés d’iode stable à l’échelle des départements et des régions, par un message qui sera diffusé à la radio ou à la télévision, ainsi que sur le site internet de la préfecture.
Le préfet est le représentant de l’état dans le département : en cas d’alerte nucléaire, il met en place les actions de protection de la population. En cas d’un éventuel accident nucléaire, l’Etat dispose de réserves suffisantes en iode pour couvrir l’ensemble du territoire.
Quels sont les risques face à l’ingestion de comprimés d’iode ?
Les comprimés d’iode peuvent provoquer des effets indésirables : goût métallique dans la bouche, nausées et vomissements. D’autres troubles digestifs comme des diarrhées et des maux d’estomac peuvent survenir. Agitation, palpitations cardiaques et éruptions cutanés font aussi partis des effets secondaires possibles.
Dans de rares cas, la prise d’iodure de potassium peut induire l’apparition de troubles de la thyroïde, notamment une hyperthyroïdie, avec des tremblements, des insomnies, et une tachycardie (accélération du rythme cardiaque). Ces effets indésirables sont transitoires et s’arrêtent une fois l’iode éliminée de l’organisme. Des réactions allergiques peuvent également survenir : avec rougeurs, gonflement du visage, frissons et fièvre.
L’apparition de l’un de ces symptômes nécessitent la consultation de votre médecin traitant.
Y-a-t-il des contre-indications à la prise de médicaments à base d’iode ?
Les personnes ayant un traitement contre un trouble de la thyroïde doivent au préalable consulter leur médecin traitant avant toute prise de médicaments ou de produits à base d’iode. Certaines personnes ayant des dermatites herpétiformes et des vascularites (maladies auto-immunes) doivent aussi se renseigner auprès de leur médecin. Enfin, les personnes allergiques à l’iode doivent la prendre avec précaution.
Compte tenu du risque important en cas d’exposition à un iode radioactif, ces contre-indications sont relatives et doivent être analysées préventivement avec le médecin, au cas par cas.
Et pour les femmes enceintes ou allaitantes ?
La grossesse et l’allaitement ne sont pas des contre-indications : Les femmes enceintes peuvent prendre des comprimés à base d’iode, suite à la consultation du médecin traitant afin qu’un suivi soit effectué.
Et en cas d’allaitement ?
L’iodure de potassium ingéré par la maman va se retrouver dans le lait maternel. Le taux en iode concentré dans le lait maternel n’est pas encore connu précisément, ainsi il est conseillé de donner en prévention aux bébés un demi ou un quart de comprimé d’iode (selon son âge).
Afin de limiter tout risque de surdosage, je conseille aux mamans de tirer leur lait et de l’éliminer durant les 3 jours suivant l’administration d’iode stable, et de passer à une alimentation avec du lait en poudre pendant ce temps.
Quels sont les réflexes à avoir face à une alerte nucléaire ?
- Mettez-vous à l’abri dans un bâtiment en dur, en fermant portes et fenêtres. Coupez les ventilations,
- Tenez-vous informé(e),
- N’allez pas chercher vos enfants à l’école, ils seront pris en charge et mis à l’abri par les enseignants,
- Limitez au maximum vos communications par téléphone afin de ne pas saturer les réseaux, nécessaires aux secours et à la transmission des informations. Pensez à vous doter d’une radio à pile et de piles de rechange,
- Prenez de l’iode uniquement quand vous en recevez l’instruction, en suivant la posologie,
- Préparez-vous à une éventuelle évacuation, en vous munissant d’un kit d’urgence préparé au préalable : papiers personnels, traitement médicaux, vêtements, aliments et boisson.
Sources :
- Ce qu’il faut savoir sur les comprimés d’iode stable | IRSN. (n.d.).
- De Sûreté Nucléaire, A. (n.d.). La distribution d’iode. ©ASN.