Cœliaquie ou intolérance au gluten
- Qu'est-ce que le gluten ?
- Qui est atteint par la coeliaquie ?
- Quelles sont les manifestations de la maladie ?
- Comment peut-on faire le diagnostic ?
- Quel est le traitement ?
- Lorsque la maladie n'est pas diagnostiquée
- Mieux vivre avec la coeliaquie
Avec l'aimable collaboration de la Société Belge de la Cœliaquie.
Le terme "coeliaquie" provient du grec "koeliakos" qui signifie "souffrance dans les intestins". En effet, la maladie était déjà décrite au deuxième siècle après Jésus-Christ par un médecin alexandrin, Aretaeus de Cappadocia, mais il faudra attendre 1950 pour en connaître la cause, à savoir la présence de gluten dans l'alimentation des malades.
L’intolérance au gluten, aussi appelée maladie de cœliaque, est une réaction dont les mécanismes biologiques exacts ne sont pas encore parfaitement élucidés à l'heure actuelle. On sait néanmoins que la maladie cœliaque est une maladie auto-immunitaire.
Qu'est-ce que le gluten ?
Le gluten, du latin « glu » (colle), est un constituant élastique et visqueux qui se trouve dans les grains de plusieurs céréales, dont le blé, le froment, l’épeautre, le kamut, le seigle, et l’orge. Donnant une texture moelleuse aux pains et aux autres produits de boulangerie, le gluten permet aux ingrédients de bien se lier ensemble : il est souvent utilisé dans les plats industriels, notamment dans les sauces, les plats préparés, etc.
Qui est atteint par la coeliaquie ?
En France, on estime à 600 000 personnes le nombre de cœliaques, soit entre 0,5 et 2 % de la population générale. Malheureusement, 80% des personnes qui en souffrent ne sont pas diagnostiquées, les symptômes étant très proches d’autres pathologies digestives plus courantes.
Il y a un caractère génétique à la réaction au gluten. Ainsi, si une personne intolérante est détectée, il est possible qu’il y ait d’autres personnes sensibles au gluten qui s’ignorent au sein de la famille.
Toujours est-il que la maladie peut se déclencher à tous les âges de la vie.
Il faut également souligner qu'il existe de grandes variations d'une population à l'autre, la maladie étant plus fréquente en Scandinavie, en Italie et en Irlande en raison de facteurs génétiques.
Quelles sont les manifestations de la maladie ?
Elles sont très variables d'une personne à l'autre, surtout chez l'adulte.
Chez l’enfant et l’adulte
La malabsorption peut être moindre et n’entraîner que des carences spécifiques (en fer, en protéines, en vitamines, en sels minéraux) et rendre ainsi le diagnostic plus difficile.
On peut ainsi rencontrer une anémie plus ou moins importante par manque de fer, des œdèmes par manque de protéines, des fractures spontanées par manque de calcium et de vitamine D, des hémorragies et hématomes spontanés par manque de vitamine K.
Un symptôme très fréquent chez l’adulte mais qui peut avoir de multiples causes est la fatigue chronique. Celle-ci peut être due à une ou plusieurs carences mais aussi uniquement au processus auto-immunitaire qui épuise l’organisme.
Les troubles digestifs, alors qu’ils sont presque toujours présents chez le nourrisson et l’enfant, ne se rencontrent que chez moins de la moitié des adultes atteints. Ces troubles recouvrent aussi bien la constipation que la diarrhée, des ballonnements ou encore des douleurs abdominales, des digestions difficiles ou du brûlant par reflux gastro-œsophagien.
Il s’y ajoute souvent une intolérance secondaire au lactose parce que l’enzyme qui permet de digérer le lactose se trouve dans les villosités, lesquelles sont détruites par la maladie cœliaque. Parmi les autres troubles, citons encore la dépression nerveuse, divers troubles neurologiques, des douleurs articulaires, la stérilité, les fausses couches, les migraines, la stomatite aphteuse, l’alopécie.
Enfin la dermatite herpétiforme est également une expression possible de la maladie cœliaque.
Cette intolérance est à ne pas confondre avec l’allergie au gluten : plus rare et aux effets immédiats.
Il existe une variation qu’on nomme couramment sensibilité (ou hypersensibilité) au gluten. Ce sont le cas de personnes qui souffrent des symptômes identiques mais d’intensité beaucoup plus faible. Ces personnes sont tout à fait capables de manger des produits contenant du gluten sans que cela ne les rendent vraiment malades. Généralement cela prend la forme de troubles digestifs (type diarrhée) et une légère fatigue passagère. Comme c’est une intolérance qui n’est pas connue de la personne, leur état leur semble « normal », comme ils sont comme cela depuis qu’ils sont nés.
Chez le nourrisson et le petit enfant
Si l’intolérance chez l’adulte peut vraiment rendre très malade, devenant des fois même dangereux, cette dernière est la plus grave quand elle est découverte chez le bébé. En effet, on observe classiquement quelques semaines ou quelques mois après l’introduction du gluten (vers 6 mois en général) des diarrhées importantes, des flatulences, une perte d’appétit, des vomissements, un état grincheux, une perte de poids ou une cassure de la courbe de poids, un état de dénutrition voire même de déshydratation si le diagnostic n’est pas posé rapidement.
Comment peut-on faire le diagnostic ?
En cas de suspicion ou pour dépister la maladie chez un membre de la famille d'un cœliaque connu, on commence par une prise de sang à la recherche des auto-anticorps spécifiques (anticorps anti-gliadine et anti-endomysium).
Si les tests sont anormaux, il faut faire une biopsie intestinale pour confirmer avec certitude le diagnostic. Ceci est très important car seules les lésions intestinales spécifiques permettent un diagnostic de certitude, nécessaire pour, premièrement justifier un régime sans gluten strict à vie, et deuxièmement pour peut-être obtenir dans l'avenir une compensation financière auprès de l'INAMI. Cette biopsie se fait par endoscopie digestive haute (gastroscopie) et prélève un fragment de muqueuse au niveau du duodénum ou du jéjunum (juste après l'estomac).
Quel est le traitement ?
Il est très simple à énoncer… mais difficile à mettre en pratique ! Il faut supprimer purement et simplement le gluten de l'alimentation du cœliaque.
En effet, comme il n’existe pas de traitement à cet état particulier, la seule parade est un régime sans gluten absolu. Tout produit à base du blé et des autres céréales à gluten doit donc être écarté de l’alimentation. Mais difficile d’éviter toutes les traces de blé, d’orge, de seigle,… car malheureusement, ces céréales se cachent dans quasiment tous les aliments. Néanmoins, on trouve de plus en plus souvent sur les produits en supermarché, « un épi barré ». Ce symbole garantit un produit fini "non contaminé" dont la teneur en gluten n'excède pas 20 mg/kg, seuil du Règlement européen N°41/2009.
Pour respecter ce régime, il est également conseillé d’oublier les plats préparés (remplis de farine), au profit des plats maison. Au quotidien, la farine peut être remplacée par de la maïzena, de la fécule de pomme de terre, de la farine de maïs ou de riz, ou encore d’autres céréales comme le sarrasin.
De manière générale, vous aurez aussi à exclure de votre alimentation pain, pâtisseries, pâtes et semoule. Contrairement à ce qui se dit, les produits laitiers, eux, ne posent pas de problème (sauf les fromages à tartiner). Vous pouvez consulter la liste des aliments interdits ou à surveiller sur le site de l’Afdiag (Association française des intolérants au gluten).
Par chance, grâce à une médiatisation et à la vogue grandissante du régime sans gluten, il devient plus facile pour les personnes souffrant de cette intolérance de vivre au quotidien, car il existe de plus en plus de marques et de restaurants qui proposent des plats adaptés à ce régime.
Lorsque la maladie n'est pas diagnostiquée
La personne cœliaque non diagnostiquée court des risques importants pour sa santé et sa qualité de vie, car en ne suivant par un régime adapté, elle augmente le risque de :
- ostéoporose précoce pouvant conduire à des fractures ou des tassements vertébraux
- dépression nerveuse pouvant conduire au suicide
- lymphomes (cancers des ganglions) du tube digestif (par hyper stimulation du système immunitaire), autres cancers (adénocarcinomes), souvent de mauvais pronostic
- fatigue chronique retentissant sur les activités quotidiennes…
Mieux vivre avec la coeliaquie
Une bonne information sur la maladie et le régime et un soutien psychologique sont nécessaires surtout lors de l'annonce du diagnostic.
A côté des professionnels (médecins, diététiciens, parfois psychologues), il existe des associations :
- l'Association Française des Intolérants Au Gluten en France
- la Société Belge de la Coeliaquie en Belgique
Les objectifs sont les suivants :
- s'entraider dans la réalisation pratique du régime "sans gluten"
- diffuser les nouvelles données concernant les recherches dans ce domaine. Un conseil scientifique, composé essentiellement de médecins spécialistes et de diététiciens y contribue
- défendre les intérêts des patients auprès des pouvoirs publics.
Parlez-en à votre médecin.
http://www.afdiag.fr/